L’Orange, profession : Beatmaker

 

Pourquoi, pourquoi l’Orange, beatmaker émérite est un homme si discret et quasi anonyme dans le milieu underground.

L’internet à ceci de cruel, la multiplication des canaux de diffusions cache bien souvent la perle rare dissimulée derrière une foule compacte qui se bat à coup de Tweet. Loin de moi l’idée de critiquer l’internet et son fonctionnement. La simple idée de le faire irait à l’encontre de mes principes et serait complètement aberrant pour l’amoureux de musique que je suis. Ce média tel qu’il existe est tout simplement une chance, une opportunité pour quiconque de s’ouvrir au monde extérieur.  Un outil exceptionnel qui permet de capter, trier et sélectionner les meilleurs sons des quatre coins du globe, le tout en ne faisant aucun effort (partie non négligeable !)

 

Pourtant gratifié de pas moins de 4 albums le Beatmaker venu de Caroline du Nord est noyé dans la masse et reste tapis dans l’ombre. Il ne parvient qu’a toucher un public d’initié. Une visibilité réduite injuste qui n’est pas à la mesure de la qualité du producteur qui excelle dans son domaine.

 

Faiseur de Beat

L’histoire commence avec l’EP « The Manipulation », premier projet des plus prometteurs où L’Orange impose sa patte, son style. L’Orange fait partie de ces Beatmaker qui ont une véritable identité et que l’on reconnait immédiatement en écoutant les deux premières mesures de ces prods. Sur « The Manipulation » sorti en 2011 le beatmaker venu du vieux continent nous produit un album double H instrumental à la touche jazzy. Un savoureux mélange swing et blues qui vient ravir nos oreilles. Ce premier fait d’armes de L’orange est plus qu’encourageant et fait présager le meilleur pour la suite.

 

Sa rencontre avec Billie

 

Old Soul cover art

Le jazz des années 40-60, voilà ce qui touche L’Orange. Avec son projet « OldSoul». Le Beatmaker met son talent au service de la chanteuse Billie Holiday. L’orange considère la chanteuse de Jazz comme sa muse. La chanteuse a énormément influencé le Beatmaker. Pour l’Orange Billie Holiday est une véritable icône, il l’a considéré tout simplement  comme la chanteuse la plus innovante et Soul de tous les temps. Toucher à une légende n’est jamais chose aisée, mais l’Orange s’évertue tout le long de ce « Old Soul» à respecter sa Billie. Chaq

ue piste est conçue pour représenter une partie importante de la vie de Billie Holiday ce qui donne une vraie âme au projet. Cet LP est une véritable réussite, un son Hip Hop Jazzy qui colle parfaitement à l’ambiance que l’on se fait de la chanteuse.

The Mad Writer cover art

The Mad Writer

Avec ce nouvel album sorti en 2012, l’Orange confirme. L’album sorti sur Jakarta Records vient nous couper le souffle. Cette fois le beatmaker fait appel à plusieurs MCs pour venir l’épauler. On retrouve des artistes comme yU, Erica Lane ou encore Blu. Des choix qui ne sont pas anodins quand on connait les influences Soul des artistes. Le son vintage est toujours de mise et l’on retrouve sur 13 pistes un condensé explosif de Hip Hop Jazzy. Un opus brillant qui ressuscite une musique 1000 fois samplés mais que l’Orange arrive à sublimer. Une ambiance rétro mise en avant par les boucles qui s’enchainent  et l’art du sampling qui est remis au gout du jour.

LA collaboration

On ne va pas se le cacher j’ai découvert l’Orange par ce projet. Toujours en veille sur les projets de Mello Music Group, une newsletter plus tard et un tour sur le site web du label, et me voilà en train de dézipper l’album « The City Under The City ».

Quelle claque ! Un son brut et intense qui à la manière des prods d’Appolo Brown vient te coller tes tympans. L’Orange s’adapte au style de Figa en s’éloignant légèrement de son style jazzy pour se concentrer sur des Beat plus rugueux et sombre. Il nous délecte de production boom-bap qui colle parfaitement à son acolyte Figa.

 

Mobb Deep : Combat à distance

 

Il est toujours bon de se remémorer les bons moments passés avec Mobb Deep, ce groupe légendaire du rap jeu. Le but de ce papier n’étant pas de se retourner vers le passé mais bien de regarder vers l’avant. Pour tout fan de double H Mobb Deep reste une référence ultime. Mais à l’inverse du bon vin, le groupe a tendance à péricliter avec le temps et a fini par se séparer. Havoc et Prodigy entament alors une immense guerre de bac à sable. Après être passé par la case prison en 2007 pour une durée de 3 ans et demi (port d’armes illégal), Prodigy décide de sortir un livre et règle ses comptes avec les 3/4 du Queens. Prodigy reproche notamment à Havoc de ne pas l’avoir assez soutenu lorsqu’il était en prison, il critique également Havoc sur son amour de la boisson qui le rentrait improductif.

Sans suit un tweet clash inintéressant à base d’insulte homosexuelle de Havoc sur son copain Prodigy qui aurait connu de nouvelles joies durant son séjour au mitard (démenti par Havoc qui prétexte un vol de portable). Havoc continu par l’intermédiaire de son clip « Same shit different day » a envoyé de bonne gifle à Prodigy :

Niggas out here Dry snitching writing books / Lying out their ass just to sell a book

La tendance est à la rédemption pour les deux lascars qui, on le sait très bien, vont finir par se refaire des câlins, reformer Mobb Deep et organiser une tournée histoire de faire tomber les dollars. C’est d’ailleurs le cas puisque Havoc et Prodigy projettent de se réunir pour une tournée internationale pour marquer leurs 20 ans de carrière.

Et musicalement dans tout ça me direz-vous. Et bien pas grand-chose. Prodigy nous a sorti en 2012 l’album H.N.I.C. Pt. 3, un projet médiocre unanimement non salué par la critique. Côté Havoc quelques prods à droite à gauche il faut l’avouer d’assez bonne facture. Prodigy est au fond du trou et cherche à s’en sortir avec un projet solide.

2013 : Se relancer en solo


Réconciliation ou pas les deux MC avancent chacun de leur côté. Havoc prépare la sortie de son album « 13″ et Podigy s’offre les services d’un certain Alchemist pour la production de son opus « Albert Einstein ».

 

Albert Einstein

 

Une cover de malade mentale et un nom qui résonne : The Alchemist

Le mythique Digger s’associe au vieux Prodigy afin de lui faire retrouver une vraie crédibilité dans le rap jeu après le très moyen H.N.I.C. Pt. 3. Et même si sa calvitie le guette, le doyen du game n’est pas prêt de raccrocher. Les deux-là n’en sont pas à leur coup d’essai, on les avait déjà vu collaborer précédemment sur le projet Return of the Mac sorti en 2007. Avec Albert Einstein ils reviennent en force. Un projet de 16 pistes pour nous rappeler le MC de Mobb Deep, Prodigy est toujours au top.

Dans l’ensemble c’est bien produit, rien d’étonnant avec The Alc qui nous balance encore de grosses ogives. Prodigy est définitivement de retour avec du bon gangsta shit comme on l’aime. Le duo rappeur/producteur fonctionne bien. ALC a le don pour trouver des samples qui subliment les morceaux et permet une vraie diversité des titres. ALC est omniscient et part dans tous les sens pour notre plus grand plaisir. Difficile de faire pire que H.N.I.C. Pt. 3, cet album est largement au-dessus. On y retrouve un Prodigy qui parle de rue et qui rap avec authenticité.

 

13

Souvent dans l’ombre de Prodigy, Havoc cherche à s’émanciper hors de l’étiquette Mobb Deep. Il est d’ailleurs le plus critique envers son ancien collègue et n’hésite pas à laver son linge sale en public espérant gagner en visibilité.

Avec cet album, le MC à l’occasion de faire parler de lui grâce à sa musique. Souvent catalogué dans la case « Producteur », Havoc  prend cette fois le Mic et gagne en crédibilité. Son flow est crasseux et agressif, Havoc n’est pas là pour jouer au gendre idéal, mais plutôt pour faire suffoquer le mic. Le mythique producteur de Mobb Deep est bien sûr aussi derrière les machines pour nous délivrer les prods de cet album. Cela est plus qu’évident, la production est et a toujours été le point fort d’ Havoc. Bien sûr on n’est pas au niveau de « The Infamous or Hell on Earth » mais Havoc nous prouve que dans ce domaine il reste au-dessus. On regrettera le manque d’originalité des instrus et la faiblesse des lyrics pour les initiés. « 13 » est un bon album qui démarre très fort avec 5 titres de grandes qualités. On est un peu stoppé dans notre élan par le titre « Eyes Open » avec un Twista qui n’amène rien et une prod de Havoc juste insupportable à écouter. Mais mis à part ce coup de frein l’album défile dans l’IPod à une vitesse folle et les titres s’enchainent.  Néanmoins, il manque vraiment quelque chose. Au regrettera ce côté passéiste des productions et même s’il essaye de moderniser le tout, Havoc peine à avancer et à se démarquer du son Mobb Deep. La recette d’Havoc est simple, efficace mais déjà connu. Et alors me direz-vous ?

C’est vrai la dose de double H est belle et bien au rendez-vous et c’est bien là l’essentiel.

 

 

Pas de doute, les deux MC réussissent cet aparté solo. Et quid de la reformation de Mobb Deep, ce vieux serpent de mer. Et bien pour l’instant pas d’annonce officielle. Personnellement revoir Mobb Deep sur le devant de la scène avec un nouvel opus serait certainement excitant mais à mon avis terriblement risqué pour les deux MCs. Reformer un groupe mythique n’est pas simple affaire, et qui en général ne rythme qu’avec frustration. Avec des exigences du public toujours plus élevées, la barre sera très (trop?) haute et la déception que plus grande. S’ils continuent à faire des albums de cette qualité, pourquoi prendre le risque de  se reformer ? On le sait la nostalgie fait vendre et une reformation de Mobb Deep au niveau visibilité commerciale y’a pire mais attention à la déception. Allons de l’avant.

 

Nametag & Nameless : « For Namesake »

 

 

La scène Hip Hop de Detroit à la chance de posséder à la fois une histoire et un héritage riche, mais aussi un avenir prometteur. À la fois consommateur et acteur, Nametag a eu l’honneur de côtoyer les légendes de sa ville natale comme Slum Village mais aussi de se démarquer avec des prestations solo qui lui ont valu les éloges et les compliments de ses pairs le considérant comme l’un des plus brillants MC de la ville.

Nametag a su s’imposer petit à petit dans l’histoire du hip-hop de Detroit : sa première apparition fut sur la compilation de Slum Village « Dirty District Vol 1. ». De là, il a continué à taffer et on l’a croisé sur des projets comme « Dirty District Vol.2″, ou encore « Popular Demand » et « Caltroit » de Black Milk. Tout en contribuant aux projets des autres, Nametag a commencé à construire son propre futur avec une collection de mixtapes acclamée par la critique.

Nameless quand à lui vient de Flint dans le  Michigan. Inspiré par ses idoles telles que J Dilla, Madlib, MF Doom. Il a commencé à trimer et à créer des prods, créant régulièrement des mixtapes instrumentales.

Aujourd’hui les deux artistes se sont associés sur cet album For Namesake qui est une petite merveille.

 

 

 

Un combo qui fonctionne à merveille. Certains les comparent déjà à des duos comme Pete Rock & CL Smooth, Gang Starr ou encore Little Brother.

Des prods souvent incroyable et un flow qui tombe juste, les pistes s’enchainent et le plaisir reste entier.

8/10

 

[Album Review] R.A. The Rugged Man : « Legends Never Die »

R.A. The Rugged Man est de retour les amis et le moins que l’on puisse dire c’est que ça fait du bien.

Les fans attendaient ça depuis maintenant trop longtemps. Le dernier LP du MC New yorkais intitulé Die, Rugged Man, Die remonte déjà à 2004. Pratiquement une décennie s’est écoulée et voici que le rapper fait enfin son grand retour dans le rap jeu avec un tout nouvel album : « Legends Never Die ». Un titre évocateur comme pied de nez au Game dont RA ne perd pas une occasion de se démarquer.

Après pour l’instant une année 2013 assez décevante au niveau des sorties, cet opus apparaît comme une véritable bouffée d’air frais. La folie de R.A. The Rugged Man vient tout balayer. La schizophrénie de Ra le pèse. Sur cet opus on enchaîne titres conscients comme avec ce « Learn Truth (feat. Talib Kweli) » :

 

Dans une autre mesure, R.A nous gratifie aussi de titres comme The People’s Champ ou l’énergie et la punchline est au centre du morceau.

R.A. The Rugged Man crache du feu tout au long de l’opus. Les prods sont solides (on appréciera le retour du Scratch sur quelques morceaux). Les samples et les loops sont terriblement efficaces. Les prods restent en tête, ça fonctionne parfaitement.

On regrettera peut-être le manque d’originalité de certaines prods. Il est clair que beaucoup de samples sont cramés, mais qu’importe. On est venu vers R.A pour qu’il nous balance un bon gros HH et on est servi. Son flow est impeccable, C’est impressionnant de voir comment R.A. The Rugged Man performe derrière le mic d’un bout à l’autre de l’opus.

Même si Legends Never Die n’est pas un album parfait il reste redoutablement bon. Et que dire des invités qui s’enchaînent derrière le Mic (Talib Kweli, Masta Ace, Brother Ali, Vinnie Paz, Tech N9ne…). R.A. The Rugged Man réussit son retour, cet album est une petite pépite qui marquera cet année 2013.

8,5/10


R.A. The Rugged Man – Legends Never Die (Album Stream) (MP3)

 

Roc Marciano : « Reloaded » [Album Review]

 

Après son album « Marcberg » salué unanimement par la critique Roc Marciano était attendu au tournant. Classique ou pas, ce « Marcberg » aura fait parlé de lui et c’est avec beaucoup d’attention que le rap jeu attendant ce nouvel opus de Marcy.

Bien qu’assez déroutant à la première écoute ce « Reloaded » vaut vraiment le détour. Le rappeur de Long Island revient avec un son immersif et hypnotique. Glock sur la tempe Marcy te maintient en vie avec son flow oppressant. Certains te diront que l’album est ennuyeux, mais en fait il respire l’authenticité et la mélancolie.

C’est clair que niveau flow Marciano ne fait pas de fulgurance, mais qu’importe. Le choix de ses beats minimalistes lui réussit plutôt bien. Il accomplit même l’exploit de nous faire rentrer en immersion de la première à la dernière track. Ce qu’il faut bien l’avouer est assez rare de nos jours ou la seule présence de deux ou trois singles suffit à porter un album de 12 titres.

Le point noir de ce côté immersif réside quand même dans une certaine monotonie et linéarité de l’album, surtout en ce qui concerne le flow de Marcy. Néanmoins, le choix des beats fait très vite oublier cet impair. Roc produit 10 des 15 morceaux de l’album, les samples choisis sont juste magnifiques. Et quand il ne s’occupe pas lui même des prods il fait appel à The Alchemist, The Arch Druids, Ray West et Q-Tip. Vous l’aurez donc compris un casting aux petits oignons qui correspond parfaitement à l’univers de Marcy.

« Reloaded » est un album solide, les tracks s’enchainent les unes après les autres et l’ambiance commence à être oppressante, tes mains sont moites, c’est normal Marcy cogne fort. Les prods sont surpuissantes et redoutablement efficaces. Sombre, obscur et épuré, l’album est une petite pépite qui se bonifie avec le temps. Une véritable cohérence artistique se dégage de l’opus, qui est véritablement bien construit. Les mauvaises langues trouveront ce « Reloaded » ennuyeux et les autres crieront aux génies. Personnellement, je dirais que cet album est bon, vraiment bon. L’univers de Marcy et l’ambiance autour de cet album est un vrai plus qui donne à la galette une véritable identité.

Alors OK on n’est pas sur album qui relancera ta soirée, je le classerai plutôt dans les albums que je qualifierai de « solo ». Une histoire entre toi et le son, en face à face ou comment passer 54 minutes en bonne compagnie.

 

8/10

La découverte du Jour : Brothaz Bent

Le Hip Hop possède ce quelque chose de magique a savoir sa multitude et infinité de groupe. Alors oui, la multiplication d’artiste dans un genre peut entrainer un certain nivellement par le bas, chacun voulait squatter le devant de la scène sans forcément en avoir le talent. Mais de temps en temps, l’on découvre de petits joyaux comme Brothaz Bent. Composé de trois MC WoozyDon Chalant et Animosity, ce groupe de Los Angeles ne recherche pas forcément la notoriété, mais juste disséquer un son lourd à te dégommer les tympans et te faire remuer la tête.

Autant vous le dire les infos sur les trois acolytes sont extrêmement rare, mais qu’importe le seul fait de disposer de leur album suffit pour apprécier les lascars. Sorti en 2007 l’album est passé plus qu’inaperçu dans le rap jeu.C’est donc par hasard que je suis tombé dessus il y a quelques jours. « Up From The Desert » est un album ultra dense de 23 titres, le voyage est long et nos oreilles en sorte assez fatiguées, mais comblées.

Avec les Brothaz Bent ça rap dur, c’est le moins que l’on puisse dire. Les trois MC ont une faculté assez impressionnante à manger le mic. Il est clair que les mecs ne se ménagent pas. Si vous vouliez trouver des slow flow et autre flow fumeux, passez votre chemin! Ici, on a affaire la plupart du temps à un rap assez agressif sur des beats ultras soignés. Les mecs kick sur tout ce qui les entourent: guitare, violon, cuivre ou encore boucle de piano tout y passe et l’énergie des MC reste intact. L’album possède même un titre uniquement instrumental « Catching Nods » histoire de reprendre sous souffle dans cette densité de titre. Repos bien méritant quand avant on a pris dans la tête des titres comme « Feast of the Fortress »

Le son des Brothaz Bent est assez éloigné de ce qui se fait aujourd’hui dans le rap game, il semblerait plus proche des son 90′s. L’album fait preuve d’une réelle homogénéité tout le long de ces 23 titres. Néanmoins on pourrait leur reprocher ce nombre assez important de pistes qui forcément engendre quelque baisse de régime et de trainer en longueur pouvant entrainer une perte des plus fragiles sur le bord de la route si on l’écoute en « on shot ». Mais restez accroché les amis ça faut vraiment le coup!

Selon les dernières nouvelles et rumeurs du net, les Brothaz Bent seraient devenus les Arch Druids et prépareraient un album en collaboration avec Roc Marciano. Mais tout cela est pour l’instant à prendre au conditionnel, même si l’idée d’un projet avec le Roc fait plus que saliver.

Et le plus beau dans tous ça me direz vous…L’album est disponible en écoute gratuite sur leur BandCamp :

Strong Arm Steady & Statik Selektah : « Stereotype » [Album Review]

 

Voilà, un album qui est passé a deux doigts de ne pas être transféré dans ma Bibliothèque iTunes. En effet, il faut bien l’avouer, j’avais plus ou moins complètement zappé la sortie de cet opus «Stereotype». En même temps, on ne peut pas dire que cela soit entièrement de ma faute quand on sait que le producteur Statik Selektah nous a gratifiés de pas moins de trois albums depuis le début de l’année et de six en 2011. Autrement dit depuis deux ans, le DJ du Massachusetts sort un projet tous les deux mois. Ce qui procure chez moi il faut bien l’avouer, une certaine lassitude de l’artiste. Malgré cela, Statik Selektah nous a déjà prouvé dans le passé qu’il pouvait produire de bons albums ( «Well Done» avec Action Bronson ou encore «Straight, No Chaser» avec Reks). Néanmoins en se dispersant ainsi, il ne nous offre pas forcément à chaque fois le meilleur de lui (Review album 2012 de 1992 ) .

Quand aux Strong Arme Steady il s’agit d’un groupe composé de trois MC (Mitchy Slick, Phil Da Agony,Krondon) venuent de la scène undergroud californienne. «Stereotype» est leur quatrième album Studio et deuxième album collaboratif après l’énorme opus «In Search of Stoney Jackson» sorti en 2010 sous la baguette de Madlib. Avec ce nouveau disque, les trois lascars de la côte Ouest sont venu pour s’imposer un peu plus dans le rap jeu qu’il aime tant.

Sur ce «Stereotype», Statik Selektah offre la chance aux  MC de SAS de pouvoir se focus sur le MCing et le moins que l’on puisse dire c’est que les gars envoient. En revanche, on regrettera le manque d’ambition et d’innovation de la part de Statik Selektah. Très rapidement, on oublie que le faiseur de beat est pièce maitresse de l’album et on préférera se concentrer sur le travail fournit par les Strong Arm Steady. Leur verses sont incisif et leur flow toujours propre et maitrisé. J’ai de plus en plus l’impression au fur et à mesure d’écouter les albums de Statik Selectah qu’en fait, ce qui fait la qualité de l’opus réside en vérité sur la performance du rappeur derrière le Mic. À titre d’exemple j’ai bien aimé l’album «Well Done» avec Action Bronson ou  «Straight, No Chaser» avec Reks car sur ces projets ce sont les MC qui tiennent l’album à bout de bras. À l’inverse n’étant pas fan de Terminology, j’ai trouvé les deux albums de 1982 assez décevants. Ce raisonnement m’amène a me poser beaucoup de questions sur le réel potentiel de Statik, qui, j’ai l’impression se complet dans son truc. Genre, je sors plein de trucs pas trop mauvais, des fois pas mal, mais jamais de la haute haute qualité ou un truc bien travaillé sur l’entièreté d’un album. Sur ce «Stereotype» il a de la chance les SAS ont les crocs et se débrouillent plutôt très bien derrière le Mic.

Les trois MC de Strong Arm Steady peuvent aussi compter sur leur collègue du Game. On appréciera la présence de bon artiste venu prêter main-forte au projet avec Chace Infinite, Reks, Dom Kennedy, Planet Asia et même Schoolboy Q et Jay Rock de Black Hippy.

Pour moi cet album reste un bon album rap qui n’est peut être pas un chef d’oeuvre, mais qui a le mérite de respirer Hip Hop et de rester efficace grâce aux trois MC de Los Angeles.

7,5/10

House Shoes : « Let It Go »

 

House Shoes, House Shoes mais c’est qui ce mec ?

À moins, de suivre de près la scène underground de Detroit, ce nom ne vous dit sans doute rien et pourtant. Loin d’être un rookie dans le rap jeu, notre ami House Shoes est un habitué des clubs de Detroit. Et pour cause, il a été entre 1994-2004 DJ résidents au  St Andrews Hall, un club sanctifié pour les musiciens locaux et nationaux. Il a également effectué de nombreuses tournées avec différents artistes de Detroit. C’est à cette époque qu’il a eu la chance de rentrer en contact avec le mythique Jay Dee. Bien plus qu’une simple rencontre, House Shoes a eu l’occasion de collaborer avec lui sur l’album Unreleased  sorti en 1997. La liste d’ artistes avec qui House Shoes a collaboré derrière est assez impressionnante :  Guilty Simpson, Illa J, Exile, Aloe Blacc, Percee P, Phat Kat, Slum Village ou encore Elzhi.

 

Let It Go

Nous voilà en 2012 et après avoir produit de nombreux son pour les autres, il était tant pour House Shoes de travailler pour lui. Cependant, le producteur nous fait la joie d’inviter sur son album tout le gratin de la scène Hip Hop underground pour poser sur ses Beats ( Oh No,Danny Brown, MED, The Alchemist, Roc Marciano,Black Milk, Guilty Simpson, Chali 2na).

Je me jette donc dans une première écoute. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, du fait, que je n’avais que très peu de retours de ce producteur. Le point positif de cette histoire est sans doute le fait que pour une fois je partais sans aucun a priori. Après plusieurs écoutes j’en conclus rapidement que là, je viens de tomber sur un gros truc. Un son qui te prend aux tripes.

Let It Go détient l’essence du hip-hop Detroit, même s’il est composé d’autre influence. Il repose sur un son pesant et plein de tension. Une production à te couper le souffle. À l’image du titre « Dirt » ou encore « Crazy ».

Tu t’imagines déjà, casques sur les oreilles, arpentant le bitume agressif des routes de Detroit bordant les usines automobiles de la ville. Pour compléter le tout, l’atmosphère Motown est forcément au rendez-vous avec par définition des influences forcément Soul de cet enfant de Detroit. Néanmoins, tout cela est enrobé de grosses productions bien opaques à t’en péter le tympan.

Les artistes quant à eux passent tour à tour derrière le Mic et sont plus bons les uns que les autres. Il faut dire aussi que niveau casting le Beatmaker n’a fait appel qu’a des pointures. On appréciera aussi le mélange de générations avec des anciens comme Chali 2na et la nouvelle génération représenté par Danny Brown. D’ailleurs le morceau «Sweet Noodles» est sans doute l’une des meilleures chansons de cet album.

Ce let It Go est juste un excellent album à vous procurer le plus vite possible. Une vrai âme s’en dégage avec ses beats Soul, sous tension et surtout vrai.

8,5/10

 

 

Clear Soul Forces: « Detroit Revolution​(​s) »

Renaissance de Detroit

Je ne sais pas si on peut parler de renouveau de la scène Hip Hop de Detroit, mais une chose est sur, tous les fans de rap music portent à nouveau leurs regards vers le Michigan. Il est clair que Detroit a toujours eu une place importante dans le rap Jeu. Les freestyles crasseux entre MC aux mics brulants ne se sont jamais vraiment arrêtés. Avec Eminem comme fer-de-lance, le Hip Hop du Middle West à su faire entendre de sa voix. Et que dire de l’impulsion du mythique groupe Slum Village qui a éclaboussé de son talent le milieu underground . Alors oui, aujourd’hui le groupe de feu J Dilla à perdu de sa superbe et Eminem a pris le chemin que l’on connaît en se tournant vers les plages ensoleillées de ses potes de la West cost.

Mais l’heure du réveil a sonné. D’abord par le MC/Producteur Black Milk qui a été l’un des premiers à relancer la machine. Sans oublier Elzhi (ex Slum Village) qui a décollé en solo. Et tout de suite, Apollo Brown a emboîté le pas en donnant un second souffle à la production locale. Nous rappelant que le fantôme de Jay Dee plane encore sur cette ville mythique. Pas de doute, les producteurs de Detroit on ça dans le sang.

Côté MC pur et dur, c’est Danny Brown qui a su impressionner. Durant ces deux dernières années avec The Hybrid (2010) et XXX (2011) il s’est révélé comme une valeur sur du rap jeu. Surfant sur la jeune vague du rap (Black Hippie, A$AP Mob…). Il a su imposer sa patte, sa marque de fabrique. Une allure de tox, des beats hypnotiques, un mec qui rap sec.

Naissance de Clear Soul Forces

Mais aujourd’hui un nouveau crew joue des coudes et essaye de s’imposer au niveau national. Clear soul Force, un groupe composé de 4 lascars : L.A.Z., E-fave, J-Roc et Ilajide. Google nous apprendra que le quatuor est né lors d’une nuit blanche ou les 4 Mc enregistraient leur set respectif dans un studio ou par coïncidence Royce Da 5’9  faisait lui aussi vibrer le mic pour son album « Street Hop ». Prenant leur courage à deux mains les 4 larrons décidèrent de faire écouter à Royce leurs vocalises. Impressionné par les 4 gamins, le Mc leur suggéra de former un groupe. Clear Soul Force était née.

Écumant les freestyles de la scène underground de Detroit les Clear soul forces sortir en 2010 leur première mixtape « Clear Soul Radio ». Et très vite un premier album début 2012 intitulé « Detroit Revolution(s) ».

Les promesses

Le titre est clair, les 4 Mc sont venus dépoussiérer le hip-hop à papa de Detroit. Le moins que l’on puisse dire c’est que le contrat est rempli. Sans non plus tout balayer du passé, les Clear Soul forces restent imprégner du bitume de Detroit. Néanmoins les 4 MC puisent leur inspiration d’un peu partout. Après quelques écoutes ont apprécie déjà l’énorme technique des 4 rappeurs, leur flow est ultra contrôlé et frôle par moment la perfection comme sur le titre « Get No Better » ou les MC se passent le mic de main en main avec une fluidité assez impressionnante.

Pour ce qui est des productions, c’est Ilajide qui est aux manettes. Et le taf est fait, les beats sont bons voir excellents. Et que dire quand la prod est laissée à Kankick le beatmaker californien qui sublime le tout. Les productions ne sont pas là juste pour faire de la figuration, elles sont utiles au morceau et ne sont pas que simple support.

Même si quelques titres restent en dessous, l’album est vraiment bon. On a tous les éléments réunis pour nous faire garder un œil sur ce groupe qui risque de devenir très vite un incontournable de Detroit.

 

Clear Soul Forces: « Detroit Revolution​(​s) » : 8/10