Mobb Deep : Combat à distance

 

Il est toujours bon de se remémorer les bons moments passés avec Mobb Deep, ce groupe légendaire du rap jeu. Le but de ce papier n’étant pas de se retourner vers le passé mais bien de regarder vers l’avant. Pour tout fan de double H Mobb Deep reste une référence ultime. Mais à l’inverse du bon vin, le groupe a tendance à péricliter avec le temps et a fini par se séparer. Havoc et Prodigy entament alors une immense guerre de bac à sable. Après être passé par la case prison en 2007 pour une durée de 3 ans et demi (port d’armes illégal), Prodigy décide de sortir un livre et règle ses comptes avec les 3/4 du Queens. Prodigy reproche notamment à Havoc de ne pas l’avoir assez soutenu lorsqu’il était en prison, il critique également Havoc sur son amour de la boisson qui le rentrait improductif.

Sans suit un tweet clash inintéressant à base d’insulte homosexuelle de Havoc sur son copain Prodigy qui aurait connu de nouvelles joies durant son séjour au mitard (démenti par Havoc qui prétexte un vol de portable). Havoc continu par l’intermédiaire de son clip « Same shit different day » a envoyé de bonne gifle à Prodigy :

Niggas out here Dry snitching writing books / Lying out their ass just to sell a book

La tendance est à la rédemption pour les deux lascars qui, on le sait très bien, vont finir par se refaire des câlins, reformer Mobb Deep et organiser une tournée histoire de faire tomber les dollars. C’est d’ailleurs le cas puisque Havoc et Prodigy projettent de se réunir pour une tournée internationale pour marquer leurs 20 ans de carrière.

Et musicalement dans tout ça me direz-vous. Et bien pas grand-chose. Prodigy nous a sorti en 2012 l’album H.N.I.C. Pt. 3, un projet médiocre unanimement non salué par la critique. Côté Havoc quelques prods à droite à gauche il faut l’avouer d’assez bonne facture. Prodigy est au fond du trou et cherche à s’en sortir avec un projet solide.

2013 : Se relancer en solo


Réconciliation ou pas les deux MC avancent chacun de leur côté. Havoc prépare la sortie de son album « 13″ et Podigy s’offre les services d’un certain Alchemist pour la production de son opus « Albert Einstein ».

 

Albert Einstein

 

Une cover de malade mentale et un nom qui résonne : The Alchemist

Le mythique Digger s’associe au vieux Prodigy afin de lui faire retrouver une vraie crédibilité dans le rap jeu après le très moyen H.N.I.C. Pt. 3. Et même si sa calvitie le guette, le doyen du game n’est pas prêt de raccrocher. Les deux-là n’en sont pas à leur coup d’essai, on les avait déjà vu collaborer précédemment sur le projet Return of the Mac sorti en 2007. Avec Albert Einstein ils reviennent en force. Un projet de 16 pistes pour nous rappeler le MC de Mobb Deep, Prodigy est toujours au top.

Dans l’ensemble c’est bien produit, rien d’étonnant avec The Alc qui nous balance encore de grosses ogives. Prodigy est définitivement de retour avec du bon gangsta shit comme on l’aime. Le duo rappeur/producteur fonctionne bien. ALC a le don pour trouver des samples qui subliment les morceaux et permet une vraie diversité des titres. ALC est omniscient et part dans tous les sens pour notre plus grand plaisir. Difficile de faire pire que H.N.I.C. Pt. 3, cet album est largement au-dessus. On y retrouve un Prodigy qui parle de rue et qui rap avec authenticité.

 

13

Souvent dans l’ombre de Prodigy, Havoc cherche à s’émanciper hors de l’étiquette Mobb Deep. Il est d’ailleurs le plus critique envers son ancien collègue et n’hésite pas à laver son linge sale en public espérant gagner en visibilité.

Avec cet album, le MC à l’occasion de faire parler de lui grâce à sa musique. Souvent catalogué dans la case « Producteur », Havoc  prend cette fois le Mic et gagne en crédibilité. Son flow est crasseux et agressif, Havoc n’est pas là pour jouer au gendre idéal, mais plutôt pour faire suffoquer le mic. Le mythique producteur de Mobb Deep est bien sûr aussi derrière les machines pour nous délivrer les prods de cet album. Cela est plus qu’évident, la production est et a toujours été le point fort d’ Havoc. Bien sûr on n’est pas au niveau de « The Infamous or Hell on Earth » mais Havoc nous prouve que dans ce domaine il reste au-dessus. On regrettera le manque d’originalité des instrus et la faiblesse des lyrics pour les initiés. « 13 » est un bon album qui démarre très fort avec 5 titres de grandes qualités. On est un peu stoppé dans notre élan par le titre « Eyes Open » avec un Twista qui n’amène rien et une prod de Havoc juste insupportable à écouter. Mais mis à part ce coup de frein l’album défile dans l’IPod à une vitesse folle et les titres s’enchainent.  Néanmoins, il manque vraiment quelque chose. Au regrettera ce côté passéiste des productions et même s’il essaye de moderniser le tout, Havoc peine à avancer et à se démarquer du son Mobb Deep. La recette d’Havoc est simple, efficace mais déjà connu. Et alors me direz-vous ?

C’est vrai la dose de double H est belle et bien au rendez-vous et c’est bien là l’essentiel.

 

 

Pas de doute, les deux MC réussissent cet aparté solo. Et quid de la reformation de Mobb Deep, ce vieux serpent de mer. Et bien pour l’instant pas d’annonce officielle. Personnellement revoir Mobb Deep sur le devant de la scène avec un nouvel opus serait certainement excitant mais à mon avis terriblement risqué pour les deux MCs. Reformer un groupe mythique n’est pas simple affaire, et qui en général ne rythme qu’avec frustration. Avec des exigences du public toujours plus élevées, la barre sera très (trop?) haute et la déception que plus grande. S’ils continuent à faire des albums de cette qualité, pourquoi prendre le risque de  se reformer ? On le sait la nostalgie fait vendre et une reformation de Mobb Deep au niveau visibilité commerciale y’a pire mais attention à la déception. Allons de l’avant.